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Les Favorites Royales
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6 octobre 2012

Béatrix de Choiseul, duchesse de Gramont

Fille du marquis François Joseph de Stainville et de Marie Louise de Bassompierre, Béatrix était la sœur du Duc de Choiseul, ministre de Louis XV.

Grâce à sa noble naissance, elle fut reçue chanoinesse au chapitre de Remiremont.

Roslin_Gramont

Portrait par Roslin vers 1774

Lors de l'ascension fulgurante de son frère, le Duc de Choiseul, sur lequel elle exerçait une forte influence, la fit venir à Paris, pour lui trouver un établissement. Hautaine, impérieuse, orgueilleuse, ambitieuse et incapable de dissimuler son mépris pour tout ce qui l’approchait, quel que fût son rang, « elle joignait en mérite d’une personne de grande noblesse toutes les ressources d’une pensionnaire de la matrone Gourdan ». Elle ne souhaitait pas trouver un époux qui ne fût pas Duc. On le trouva en 1759, en la personne du Duc de Gramont, alors gouverneur de Navarre et du Béarn, mis sous tutelle par sa famille, et qu'une promesse de recouvrer ses biens, lui fit accepter ce mariage.

Mme de Gramont était femme de cour de la tête aux pieds, et dans toute la force du terme, c’est-à-dire décidée, impudente, dévergondée. Personnalité hors du commun, elle ne suscita jamais que de sentiments excessifs et contradictoires. Abhorrée par les uns, qui lui reprochaient son arrogance, ses manières libres et brusques, elle était adorée par les autres, qui voyaient en elle d’éminentes qualités : un caractère ferme et décidé, beaucoup d’esprit et de cœur. « Tout en elle est âme, vie, ressort », a dit un homme qui l’a bien connue. Elle n’en passait pas moins pour être fort désirable. « Sans être une belle personne, dit le président Hénault, sa figure, l’habitude de son corps, sa manière d’être, tout plaît en elle. C’est une des femmes du monde que l’on aurait le plus de peine à se défendre d’aimer. […] Si elle était venue du temps que nos hommes à bonnes fortunes en valaient la peine, elle leur aurait tourné la tête. »

beatrixdechoiseul

Portrait par Alexandre Roslin en 1765

Le Duc de Lauzun aussi nous la décrit ainsi dans ses mémoires : « Monsieur le Duc de Choiseul avait une sœur, chanoinesse de Remiremont, qui n'avait pour toute fortune que sa prébende, mais qui joignait à tout les agréments de son sexe, le caractère d'un homme propre aux grandes choses et aux grandes intrigues. (...) Son crédit ou plutôt son empire sur Monsieur le Duc de Choiseul augmentait tout les jours. Madame la Duchesse de Choiseul, qui aimait éperdument son mari fut jalouse de cette excessive tendresse, et en quelques mois les deux belles sœurs furent entièrement brouillées. »

Il est vrai que les contemporains se faisaient l'écho d'une relation incestueuse entre Madame de Gramont et son frère, Monsieur de Choiseul. On murmurait qu'un enfant était né de cette liaison, et lorsque l'on interrogeait Madame de Gramont sur cet enfant, elle répondait vaguement qu'on l'avait mis en nourrice.

Madame de Gramont sera toute sa vie l'intime amie de la Princesse de Beauvau et de la Comtesse de Brionne. Elle exercera une influence prépondérante sur le Duc de Choiseul et sera de toutes les intrigues versaillaises, jouant un rôle de premier plan à la Cour. On disait que Choiseul gouvernait la France, et que Madame de Gramont gouvernait Choiseul. Elle sera l'une des étoiles des soupers des petits cabinets, qu'affectionnaient Louis XV. D'abord amie de Madame de Pompadour, elle tentera à la mort de celle-ci de devenir elle même favorite officielle de Louis XV, qui appréciait la répartie et l'esprit de la Duchesse, mais redoutait son ambition et son caractère dominant. Mme de Gramont usa de tous les artifices pour le séduire – sans y parvenir vraiment. Elle s’offrit au Roi avec une telle effronterie que cet homme timide et parfois défaillant refusa de prendre une place si mal défendue et se retira. Le coup avait raté.

beatrixdechoiseul2

Lorsqu'elle verra le Roi lui préférer la future comtesse Du Barry, Béatrix de Gramont se lancera dans une campagne de calomnie et de dénigrement contre la jolie comtesse. Louis XV ne lui pardonnera jamais et elle participera bien involontairement à la chute de son frère. 

Elle suivra celui-ci dans son exil de Chanteloup puis reviendra à Paris tenir un salon des plus réputés.

Elle intriguera pour faire rappeler son frère aux affaires à l'avènement de Louis XVI, sans succès.

Emprisonnée puis traduite devant le tribunal révolutionnaire en 1794, elle montrera la même fiéreté de caractère et force d'âme qu'elle montrait dans les salons de Versailles et Paris. Au juge lui demandant si elle n'avait pas envoyé de l'argent aux émigrés, elle répondit : « J'allais dire que non, mais ma vie ne vaut pas un mensonge ». Elle sera guillotinée le 17 avril 1794.

Madame de Gramont était la marraine avec son frère le Duc de Choiseul, de la future Marquise de Lage de Volude, dame pour accompagner et amie de la Princesse de Lamballe, qui laissa des mémoires intéressants.

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