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Les Favorites Royales
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20 août 2022

Louise Jeanne de Durfort, maîtresse de Louis François de Bourbon-Conti

Fille unique d'Emmanuel-Félicité de Durfort, Duc de Duras et de sa première épouse, Charlotte-Antoinette de la Porte-Mazarin, Louise Jeanne naît le 1er septembre 1735 à Paris. Descendante de la célèbre Hortense Mancini par sa mère, elle va hériter à la mort de cette dernière, peu après sa naissance, entre autres des duchés de Rethel, de Mayenne, de La Meilleraye et de Mazarin, de la baronne de Parthenay, de la principauté de Château-Porcin, de la terre de Belfont, etc… Elle sera la dernière à porter le titre de duchesse de Mazarin, et le duché de la Meilleraye sera vendu après 1776 au comte d’Artois.

Son père épousera en secondes noces, Louise-Françoise-Maclovie-Céleste de Coetquen, avec qui elle aura deux fils : Emmanuel-Céleste-Augustin de Durfort, duc de Duras, (1741-1800) et Charles Armand Fidèle de Durfort, comte de Duras (1743-1804).

Louise Jeanne de Durfort-Duras est mariée à ses 12 ans, le 2 décembre 1747 à son cousin, Louis-Marie d'Aumont, duc d'Aumont et de Villequier, dans la maison duquel elle apporte les biens de sa famille maternelle. Elle est présentée par la suite à la Cour et prend le tabouret le 16 décembre 1747. Ils auront ensemble, une fille unique, Louise d'Aumont (1759-1826), mariée à Honoré IV, prince de Monaco, et par qui descendent les actuels princes de Monaco.

La duchesse d'Aumont sera nommée dame pour accompagner Madame Adélaïde en 1756. Elle se démettra de cette fonction quatre ans plus tard, en faveur de sa belle-soeur, la duchesse de Villequier. Les méchantes chroniques racontent que Madame Adélaïde se faisait lire par la duchesse d'Aumont, de la littérature légère, du temps de son service chez la princesse.

La duchesse de Mazarin et le duc d’Aumont se séparent dès 1760 quant aux biens propres. Le duc se voit interdit de la gestion et administration des seigneuries de Chilly, Longjumeau, Massy et dépendances. N’ayant donc aucunement besoin de la fortune de son époux, elle vit une vie de faste et d’excentricités rapportées par ces contemporains. Mais ses dépenses excessive la font interdire la gestion de ses biens en 1763, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre les luxueux aménagements de son château de Chilly, de ses hôtels de Paris, Versailles et Fontainebleau.

En septembre 1770, la duchesse de Mazarin fête l’union du Dauphin Louis et de Marie-Antoinette au château de Chilly-Mazarin en y donnant un somptueux souper accompagné d’une kermesse dont la Gazette de France et le Mercure se font l’écho. Elle y reçoit et y donne également une fête en l’honneur du Roi de Danemark.

Elle posséda également à partir de 1767 un hôtel sur le quai Malaquais, à l’emplacement de l’actuelle école des Beaux-Arts, somptueusement décoré par les artistes les plus novateurs comme Belanger et Chalgrin

Dans ses mémoires en 1780, Madame Vigée Lebrun raconte quelques anecdotes cocasses sur cette dame :

« Pendant ma grossesse, j'avais peint la duchesse de Mazarin, qui bien que n’étant plus jeune, était toujours très belle.... On prit l’habitude de dire de cette dame avait été bénie par trois fées à sa naissance : les fées de la richesse, de la beauté et de la guigne. Il est vrai en effet que la pauvre femme ne pouvait absolument rien faire, sans que cela soit ruiné par quelque catastrophe. Il y eut un certain nombre d'histoires bien connues au sujet de ses divers malheurs ; voici l’un des incidents les moins connus. Un soir, elle organisa un dîner pour soixante personnes et eut l'idée de placer un énorme pâté en croûte au milieu de la table, dans lequel on mit cents petits oiseaux vivants. Au signe de la duchesse, le pâté en croûte fut ouvert et une folle bourrasque d’oiseaux sauvages vola aux visages des invités, s'enfonçant dans les cheveux soigneusement coiffés des dames. Vous pouvez imaginer les cris perçants, les trempes frangés ! Il était presque impossible de se débarrasser des créatures infernales. Finalement, chacun se leva de table, jurant et maudissant la stupidité de l'idée. »

Si les mémorialistes lui reconnaissent un très beau visage aux traits réguliers, un joli teint et des yeux superbes, en revanche, ils sont plus acerbes quand ils parlent de sa silhouette allant de « grande et forte comme une caryatide » à « énorme » voire « monstrueusement grosse ».

Elle fut dans sa vie privée ce que l’on appelait à l’époque une «dame de volupté». On lui connait de nombreuses aventures, parmi lesquels, Antoine de Malvin de Montazet, archeveque de Lyon, Louis François de Bourbon Conti (1717-1776), prince de sang et dernier prince de Conti, dont elle aurait eu une fille illégitime, et Radix de Sainte-Foy, trésorier général de la marine et Intendant des finances du comte d'Artois. En 1768, un rapport de police indique que: « La duchesse de Mazarin vient de donner congé à monsieur de Pelletier de Morfontaine qui la sert depuis des années, pour le remplacer par monsieur de Sainte Foy, trésorier de la marine qui entretient un commerce clandestin avec la demoiselle Vaubernier». (La future comtesse du Barry). Elle lui léguera 100 000 écus; somme aurait en fait été destinée à l’enfant naturelle née de leur relation, Anne Radix de Saint Foy, dite Mademoiselle de Neuilly.

Le comte de Maurepas, ministre de Louis XV et Louis XVI, fut aussi un de ses amants. Ses contemporains n'épargnèrent guère Monsieur de Maurepas qui passait pour impuissant, ce qui donna lieu à un couplet relatant ses amours avec la femme du duc d'Aumont :

De l'esprit, des talents, hélas !
Pourquoi faut-il que Maurepas
De l'homme n'ait que la figure ?
D'Aumont, si tu n’es pas cocu
Rends en grâce à la nature
C'est elle qui n'a pas voulu !

Dans les années 1770, elle fit partie des proches de la comtesse du Barry. Mme du Deffand écrira à ce propos « on ne peut pousser l’héroïsme de la bassesse et du ridicule à un plus haut degré ». Détestée par la dauphine Marie Antoinette pour sa proximité avec la maitresse royale, elle se retira définitivement de la cour en 1774 à la mort de Louis XV.

Elle décédera, couverte de dettes, à Paris le 17 mars 1781 à Paris, à l'âge de 45 ans. Elle fut inhumée à Chilly. À son décès, il fut dit: "La duchesse de Mazarin, célèbre pour ses galanteries, est à la mort, elle n'est que dans sa 42ème année, mais en bonne conscience, elle en a vécu 84".

Le vicaire de Chilly déclara qu'elle avait été une Madeleine pécheresse et malheureusement pas une Madeleine repentante.

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