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Les Favorites Royales
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6 juin 2012

Françoise-Catherine-Thérèse Boutinon Deshayes, maitresse impossible de Louis XV

poupliniere madameFrançoise-Catherine-Thérèse Boutinon née en 1714 était la fille de Samuel Boutinon Deshayes, ancien lieutenant des Dragons du roi de Danemark, mais resté sans emploi à son retour en France (il était un protestant calviniste, ce qui nuisit à sa carrière) et de Marie-Anne-Michelle Carton-Dancourt, dite Mimi Dancourt, actrice de la Comédie-Française. Il était dit que cette dernière ainsi que sa sœur Manon étaient les filles naturelles du duc d’Aumont. Elles avaient toutes les deux débuté à la Comédie-Française le 10 Décembre 1699. La sœur de Mimi, Manon devenue Madame de Fontaine, fut également la maitresse du riche financier  Samuel Bernard, dont la Poplinière (mari de Françoise Boutinon) racheta plus tard la résidence de Passy. Outre Françoise-Catherine-Thérèse, le couple Deshayes eut encore deux enfants : Charles-Louis né en 1713 et Louis-Marie-Marc-Antoine, né en 1720. En 1725, à la mort de Dancourt, la mère de Françoise hérita du château de Courcelles-le-Roy, près de Gien, où la famille alla s’installer l’année suivante, quoique Mimi toujours actrice à la Comédie-Française était obligée de rester à Paris. Elle se retira trois ans plus tard, en 1728, avec une pension de 1 000 livres. Quelques mois après, le père de Françoise mourait.

Françoise était âgée de 14 ans vers cette époque et avait de bonnes dispositions pour le théâtre. Il semble qu’elle ait eu quelques petits rôles à jouer. C’est vers 1734, alors qu’elle n’a que 20 ans qu’on la voit apparaitre dans la vie du financier Alexandre Le Riche de La Poplinière. Ce dernier fut conquis par la beauté ainsi que la jeunesse de Françoise et en fit sa maitresse. Désignée sous le nom de « la jeune muse » par son amant, Voltaire et les autres proches, elle fut l’élève de Jean-Philippe Rameau qui lui enseigna le clavecin et l’harmonie. Plus qu’une élève, elle fut une disciple de Rameau et montrant son attachement au maitre en publiant, en 1737, un texte défendant ses théories. Les témoignages, et ses propres travaux, ne laissent aucun doute sur ses aptitudes musicales et sur ses capacités intellectuelles. La défense de ces théories musicales qui paraissent si ardues au commun des mortels fit beaucoup pour sa réputation d’intellectuelle. Ce qui lui vaudra d’être surnommée par Voltaire « la chimiste » ou « la philosophe ». Quelques mois après la publication de son essai sur Rameau, Françoise épouse son amant, Alexandre Le Riche de La Poplinière. La légende veut que c’st la marquise de Tencin et le Cardinal de Fleury qui auraient un peu forcé la main de la Poplinière, n’hésitant même pas à le menacer de le rayer de la liste des fermiers généraux s‘il ne donnait pas de position sociale à sa jeune maitresse. Cet épisode fit donner à Françoise une réputation d’intrigante et de manipulatrice.

En 1744, après la mort de Madame de Châteauroux, Mme de La Poplinière se mit elle aussi sur les rangs des postulantes au poste de maitresse-en-titre. A cette époque, c’était une première démarche pour les femmes de finance pour briguer cet honneur car la position de favorite royale était une faveur aristocratique. Les espoirs de Mme de La Poplinière seront vains car le roi choisit Madame d’Etiolles qu’il fit marquise de Pompadour. Néanmoins, si elle ne fut pas maitresse-en-titre, elle sera une maitresse de passade de Louis XV. Leur aventure se révélera en une catastrophe. A une heure du matin, le roi qui vient du souper rencontre la belle ingénue et la prie de l’attendre dans le lit. Il doit se déshabiller en public et ne peut donc coucher en ce moment même avec elle. Mais à son retour, il provoque le désarroi de Mme de la Poplinière en traînant un quart d’heure dans la garde-robe. Finalement, il se glisse dans le lit et un long silence s’installe . « Madame, il faut m’excuser, je ne suis plus jeune (…), une personne comme vous mérite tous les hommages, mais un roi n’est pas plus homme qu’un autre, malgré la meilleure volonté et le plus grand désir. Il est trois heures ; si vous attendez jusqu’au jour, vous pouvez rencontrer quelques indiscrets. Les plus courtes folies sont les meilleures. Rhabillez-vous et je vais moi-même vous conduire à la porte de la galerie. » Profondément choquée, Mme de la Poplinière recevra le lendemain matin la visite de Lebel. « Le Roi me charge de vous témoigner tous ses regrets de ce qu’une indisposition passagère l’a empêché de vous donner une plus longue audience. » Et il lui offre un coffret contenant quatre mille louis. Madame de la Poplinière refuse sèchement le présent et rétorque : « La seule grâce que me doit le roi, c’est de ne vous envoyer de la vie chez moi. »

Le mariage de M. et Mme de La Poplinière se termina de façon rocambolesque en 1748 suite à « l’affaire de la cheminée ». Afin de rencontrer sa maitresse en déjouant les soupçons d’un mari jaloux, Richelieu avait fiat aménager une plaque pivotante dans une cheminée de son appartement, contigu à la chambre de sa dulcinée, qui habitait l’hôtel voisin. Ainsi pouvait-il entrer discrètement chez elle. Mais le mari trompé finit par découvrir le stratagème, s’emporta et chassa sa femme de chez lui. Il  y avait longtemps qu’on avait pas assisté à un scandale aussi retentissant. Après leur séparation, Françoise se retrouva sans fortune et vécut grâce à la pension que son mari se trouva dans l’obligation de lui verser. Minée par le cancer du sein, ce mal ne tarda pas à la conduire au tombeau le 22 Octobre 1756. Elle n’avait que 42 ans.

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