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Les Favorites Royales
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6 juin 2012

Brigitte O'Murphy, petite maitresse de Louis XV

Fille de Daniel O’Murphy dit Morfi et Marguerite O’Hicky dite Iquy, Brigitte née à Paris en 1727. Elle est la deuxième fille et troisième enfant parmi les sept enfants survivants du couple Morfi. Après Brigitte, Daniel et Marguerite auront Madeleine, Michel-Augustin, Victoire et la petite Marie-Louise. Les origines de Marie-Brigitte ne sont pas de plus reluisantes : sa mère, prostituée notoire, a été arrêtée le 10 Mai 1729 en compagnie d’une certaine Anne Galtier  et conduite à la prison de Fort-l’Évêque avant d’être enfermée à la Salpêtrière. Quant à son père, ancien officier, le 23 Février 1735, par une journée glaciale, il est arrêté puis conduit à la Bastille « pour affaire d’Etat » sur ordre d’Hérault, lieutenant général de police. Daniel Morfi va rester dans cette sinistre demeure pour sept long mois.

Vers cette époque, il est le secrétaire de Charles O’Brien, vicomte de Clare et futur maréchal de France, qui défend la prétention des Stuart au trône anglais. Collaborateur indélicat, Morfi aurait ouvert les tiroirs de son maître avec quelque fausse clé et pris connaissance des papiers qu’il contenait au sujet de toutes les négociations secrètes qu’O’Brien faisait en faveur du Prétendant. Riche de ses découvertes, Morfi aurait eu l’imprudence d’écrire au Prétendant pour le faire chanter. Il prétendait que si le Prétendant ne répondait pas à sa lettre, il allait vendre ses informations à la Cour d’Angleterre. Alors que l’ambassadeur de France en Angleterre, Chauvigny travaillait aussi à l’éventuelle restauration des Stuart, quelques années plus tôt en 1730, en étroite collaboration avec des membres de l’opposition du gouvernement de Walpole. Ces papiers ne pouvaient que compromettre le gouvernement et plusieurs responsables politiques anglais. A peine Daniel emprisonné, sa femme et ses filles, sont enfermées d’autorité à l’abbaye d’Arcis, à une lieue de Nogent-le-Rotrou, où leur père et mari les rejoint après sa sortie de prison. Après quelques mois, le 21 décembre 1736, il est rappelé de son exil et est donné la permission d’aller où il veut, excepté Paris. C’est là que naitre la petite Marie-Louise.

Après quelques années, la famille Morfi alla s’installer à Paris. Sa mère devenue revendeuse à la toilette, vend le pucelage de ses filles dès qu’elles atteignent l’âge nubile. Les sœurs de Brigitte (à part Marie-Louise) mènent une vie galante. Outre Marguerite qui vit en ménage avec le sieur Melon, Madeleine et Victoire collectionnent de nombreux amants et sont entretenues par ces derniers lorsqu’ils sont riches. Elles peuvent aussi tomber enceintes de ceux-ci (comme Victoire qui eut un fils avec un certain Desfferand) ou avorter lorsque ce sont des grosses non désirées (ainsi, avant son départ de la campagne de Flandre, Madeleine alla à Bicêtre pour s’y purifier la masse de sang). Elles sont aussi figurantes à l’Opéra-Comique sous des différents noms (ainsi Magdelon est connue sous le nom de Corbin, et Victoire, sous le nom de Gratien).

Brigitte est décrite par l'inspecteur Meusnier en mai 1751 comme : « picotée de petite vérole, âgée de vingt-quatre à vingt-cinq ans », "n'est point jolie" dans le journal et "extrêmement laide" dans la version rédigée par le lieutenant de la police. Considérée comme « le laideron de la famille », elle paraît échapper au monde de la galanterie. "Son métier est de faire des perles fausses" mais "elle gagne davantage à servir de modèle chez différents peintres particulièrement pour les mains, qu’elles ont toutes belles". Apparemment sage, Brigitte est "toujours restée chez ses père et mère et n’a point eu d’aventures ni brillantes ni bruyantes". Pourtant, avec un art consommé de la chute, Mesunier termine son rapport sur la jeune femme en précisant que "malgré sa laideur, on assure qu’elle n’en est point à son début". Brigitte ne pourra donc pas servir de caution morale à ses sœurs.

En 1755, après le renvoi de Morphise, Marie-Brigitte devient la maitresse du roi. « Le Roi l'avait (Marie-Louise) aussitôt remplacé : d'abord, il pris "à son service" une sœur de Louise ». Selon d'Argenson, cette soeur de Marie-Louise n'est autre que Brigitte. Elle n’est point belle mais procure au roi le plaisir presque incestueux connu avec les Sœurs Nesle. « C’est un goût de notre monarque d’aller ainsi de sœurs en sœurs », note d’Argenson. Le duc de Luynes ajoute aussi que « depuis le départ de Morphise, le roi entretenait deux maitresses. Il y en a une qui peint fort bien et qui a peint le Roi. » On peut déduire qu’il s’agirait là aussi de Brigitte qui disposait, semble-t-il, de quelques talents de ce côté-là. Outre la confirmation de de Luynes et d’Argenson, la liaison entre le Roi et Brigitte expliquerait aussi les faveurs reçues du roi par Brigitte tout au long de sa vie. Le 26 juillet 1757, soit deux ans après le renvoi de sa sœur, elle reçoit une petite pension de 600 livres de rente viagère. Bien des années plus tard en 1770, répondant à Claude-Michel Begon, commissaire de la Marine intervenu en faveur de Brigitte, M. de Saint-Florentin répondait : « L’assurance que vous m’avez donnée du besoin dans lequel se trouve la demoiselle Murphy que vous rendez de la pureté de ses mœurs et sa bonne conduite m’ont déterminé à proposer au Roi de lui accorder une petite subsistance ». Le roi signa. Enfin, Brigitte sera inscrite aux nombres des rares privilégiées pensionnées sur le nouveau bail de la Ferme Générale de 1774 pour 3 000 francs par an. Celui-ci sera renouvelé en 1780, et comme sa sœur Marie-Louise, Brigitte perdra la pension que le roi et Terray lui avaient attribuée.

En 1783, lorsque le jeune fils de Morphise, Louis-Charles de Beaufranchet d’Ayat se marie avec une demoiselle Guyot de Montgran, Brigitte est présente lors de la signature du contrat de mariage. Durant toute sa vie, Brigitte demeurera vieille fille et ne se mariera pas contrairement à ses autres sœurs. Elle continuera à être très proche de sa cadette. En 1792, lorsque Morphise quitte la capitale pour la Havre, elle confie la garde de son château de Soisy à Brigitte. Cette dernière y meurt le 25 Août 1793 dans sa soixante-sixième année.

Source : "Le goût du roi : Louis XV et Marie-Louise O'Murphy" de Camille Pascal

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