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Les Favorites Royales
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2 septembre 2012

Gabrielle de Chimay, vicomtesse de Cambis, petite maitresse du Bien-Aimé

Fille d’Alexandre Gabriel de Hénin Liétard (1681-1745), prince de Chimay et chevalier de la Toison d'Or et de son épouse Gabrielle de Beauvau-Craon (1708-1758), Gabrielle Charlotte Françoise naît vers 1729.

Elle est mariée (probablement sous l’instigation de la marquise de Pompadour) le 18 novembre 1755 à Jacques François Xavier Régis Ignace de Cambis (1727-1792), vicomte de Cambis, commandant en second en Languedoc, qui est apparenté par sa mère au futur cardinal de Bernis. Et c’est la favorite royale – alors amie de sa tante, la maréchale de Mirepoix – qui fait bénir l'union de M. de Cambis avec mademoiselle de Chimay par le curé de Meudon, dans la chapelle de son château de Bellevue. Après la cérémonie, à laquelle assistent tous les ministres et les secrétaires d'État, il y a un splendide dîner composé de deux tables, l'une de trente, l'autre de six couverts ; les diamants magnifiques portés par madame de Cambis lui sont donnés par la marquise. Et ce n'est pas tout : Mme de Pompadour fait aussi donner au jeune couple 18 000 livres de rente par le roi et y ajoute 8 000 livres de pension sans compter aussi les frais de noces qui se montent à 20 000.
Cette union reste sans postérité.

À peine mariée, Mme de Cambis est dévorée du désir de jouer un rôle. On prétend que voulant devenir la maitresse du roi, elle se hâte de se brouiller avec son mari au bout de trois mois de leur mariage, refusant de consommer le mariage et se réservant pour le roi. L'époux en expectative est renvoyé au régiment dont il est colonel et le tour est joué. Logée à Bellevue et à l'Ermitage chez Mme de Pompadour, ce sont ensuite ses parents maternels, les Beauvau-Craon et surtout l'intrigante maréchale de Mirepoix qui la poussent dans le lit du roi. « Bien faite mais médiocrement jolie », elle parvient à devenir sa maîtresse au début de l’année 1756 mais pour de courte durée car elle lui déplaît très vite n'ayant pas assez de beauté ni d'esprit pour le divertir.

Si elle n'est devenue qu'une maîtresse passagère du roi, Mme de Cambis sera ensuite populaire à la cour de Louis XV et à celle de Louis XVI pour ses aventures galantes. D'abord avec Lauzun qui l'avait connue chez la maréchale de Luxembourg et l'avait remarquée : « Une taille élégante, de la grâce, beaucoup d'art et de coquetterie en faisaient une femme agréable », dit Mme du Deffand dans ses lettres. Leur liaison semble avoir duré une année. Ils demeureront néanmoins amis et Mme de Cambis se lia même d'amitié avec la duchesse de Lauzun. Sitôt délaissée par Lauzun, que la vicomtesse se console avec le chevalier de Coigny qui la quittera bientôt pour une certaine Lady Sarah Bunbury.

Enfin Mme de Cambis connut une véritable passion amoureuse avec Charles Lennox, 3ème duc de Richmond, petit fils de Charles II et frère de Lady Bunbury. Elle l’aurait rencontré en été 1776 à Paris, alors qu'il se rendait sur ses terres d'Aubigny en Berry. Le duc trouva Mme de Cambis « fort à son gré, elle chante si bien et elle a joint à ses grâces naturelles toute la coquetterie possible, et il m'a paru que c’était avec beaucoup de succès ». A l'automne, le duc retourne en Angleterre auprès de son épouse (qu'il trompe abondamment). La vicomtesse, restée à Paris, se met alors à l'anglais, et Mme du Deffand relate ses progrès rapide en cette langue. Le duc retournera à Paris au printemps 1777, et retrouvera Mme de Cambis dans le salon de Mme du Deffand.

Mme de Genlis qui n'aimait pas Mme de Cambis, la qualifie de « snob et hautaine » comme elle le montre ici dans ses Mémoires : « L'autre personne, dont le seul esprit me repoussait, était madame de Cambis, sœur du prince de Chimay et de madame de Caraman ; elle avait trente-quatre ou trente-cinq ans, et tous les genres de prétentions; elle était fort marquée de la petite vérole, ses traits étaient communs, sa taille assez belle, elle avait l’air le plus dédaigneux et le plus impertinent qu'on ait jamais osé porter dans le monde. Ses amis prétendaient qu'elle avait beaucoup d'esprit, et le talent de dire des mots ingénieux. En voici un : quelqu’un louant devant elle ma gaieté, elle reprit : Oui, une gaieté de jolies dents. Voulant dire que je ne riais que pour faire voir mes dents, ce qui était fort injuste ; car je n'ai jamais eu la moindre affectation, et celle-là est une des plus déplaisantes que l’on puisse avoir. Madame de Cambis faisait, dit-on, de jolis vers ; je n'ai connu d'elle en ce genre qu'un couplet de chanson fort méchant, mal rimé, mal tourné, et sans aucun sel, qu'elle avait fait sur ma tante et sur le duc de Guînes. »

Mais Mme du Deffand qui l'appréciait en revanche, en parle plus favorablement comme le montre sa correspondance avec Walpole donnant deux aspects de sa personnalité : « Cette Cambis me plaît, elle a un caractère à la vérité froid et sec, mais elle a du tact, du discernement, de la vérité, de la fierté. J'ai un certain désir de lui plaire qui m'anime. Ce ne sera jamais une amie, mais je la trouve piquante. » Elle sera fort liée avec elle, la rencontrant souvent chez les Caraman chez lesquels la soeur de Mme de Cambis s'est mariée. Même lorsqu’elle mourut en 1780, Mme du Deffand l’inclut dans son testament.

La vicomtesse survécut à la Révolution en s'exilant en Angleterre dès l'année 1791 avec la duchesse de Lauzun et Lady Bunbury. Elle s'établit à Richmond Green et elle prit en affection une certaine lady Ailesbury et ses filles. Mme de Lauzun retournera en France où elle connaîtra le même sort que son mari.

Retournée en France après la Révolution, Mme de Cambis fera partie des fidèles de la cour des Bourbons réunis au Faubourg Saint Germain sous le règne de Napoléon.

Elle mourut en 1809 cinq ans avant la Restauration des Bourbons.

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Commentaires
R
Bonjour, <br /> <br /> Etudiante en Lettres Modernes, je fais partie de l'équipe de recherche qui édite le texte "Du sort actuel des femmes" de Mme de Cambis. Afin de vérifier si votre Gabrielle de Chimay est la même personne que mon autrice , j'aimerais savoir de quelles sources vous tirer vos informations pour la rédaction de cet article. Vous serait-il possible de me les communiquer ? Bien cordialement.
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