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Les Favorites Royales
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12 novembre 2011

Marie-François Renée de Forcalquier, maitresse passagère du Bien-Aimé

Fille de René-Anne de Carbonnel, comte de Canisy (1683-1728), appartenant à la branche cadette de Carbonnel de Canisy, et Eléonore-Thérèse de Guestre Préval (1685-1727), la petite  Marie-François-Renée de Carbonnel-Canisy naît au château de la Paluelle le 9 avril 1725. Elle est baptisée sept mois plus tard le 14 novembre 1725 dans la foi catholique. Troisième et dernière enfant et également fille unique de la famille, Marie-Françoise avait deux frères aînés : Claude-Gabriel (d. 1721), Pierre-Charles-Hervé (1724-1728). La petite Marie-Françoise perd ses parents alors qu’elle n’est tout juste qu’une petite fille : sa mère meurt en 1727 tandis que son père la suit dans la tombe une année plus tard. Après la mort de ses parents, la fillette est accueillie par sa grand-mère paternelle, Charlotte de La Paluelle, comtesse de Canisy qui l’élève avec soin et pour en faire une dame de la cour. En 1735, alors qu’elle n’est âgée que de dix ans, Marie-Françoise perd sa grand-mère, la comtesse de Canisy, qui l’élevait depuis la mort de ses parents. Marie-Françoise qui n'est que la seule survivante dans sa famille — ses deux frères étant morts dans leur enfance —, devient héritière de sa grand-mère paternelle, Charlotte de La Paluelle, dernière descendante des marquises de La Paluelle, devenant ainsi dame et propriétaire du Château de La Paluelle.

                                                                                               madameantin

Dès qu’elle atteint les douze ans, on pense à la marier à un prestigieux parti, elle épouse alors en premières noces le 11 avril 1737 (soit deux jours après son douzième anniversaire) au Château de la Paluelle, Antoine-François de Pardaillan de Gondrin, marquis d'Antin (1709-1741) de seize ans son aînée, celui-ci est le fils de la comtesse de Toulouse, Marie-Sophie-Victoire de Noailles (confidente du roi Louis XV durant ses premiers amours) et petit-fils du célèbre marquise de Montespan (maîtresse du roi Louis XIV), de par le fils légitime de celle-ci, Louis-Antoine, duc d’Antin, qui est son père. Le couple n’aura pas d’enfants. Le 24 avril 1741, Marie-Françoise d' Antin devient veuve et sans postérité, après seulement quatre ans de mariage. La marquise est encore une jeune femme (elle est âgée de seize ans) dotée d’une grande beauté et est également cultivée. En septembre de la même année, elle est présentée par Mlle de Charolais au roi dans le but de prendre la succession de Mme de Vintimille qui venait de mourir. Mais le manège n'ira pas loin.

Sans attendre plus longtemps, elle épouse en secondes noces à Paris le 6 mars 1742, à la veille de ses dix-sept ans, Louis-Bufile de Brancas, marquis de Cereste, et également comte de Forcalquier (1710-1753), un ancien ami de Mme de Vintimille. Cette nouvelle union permet à la comtesse de s’intégrer dans la cour Versaillaise. Elle prend aussi le tabouret en qualité de femme d'un Grand d'Espagne (charge qu'exerce son second mari) le 19 juillet 1742 et l'impression générale lui est favorable.« On ne peut pas être plus jolie, écrit le duc de Luynes, que l'est madame de Forcalquier ; elle est petite mais très bien faite, une beauté incarnée, un visage rond, de grands et beaux yeux, et tout est rendu plus beau par l'expression du visage »

De ce couple, naît une fille prénommée Jeanne, le 23 novembre 1743. Mais le mariage de Louis-Bufile et Marie-Françoise ne met pas beaucoup de temps pour battre de l’aile : la comtesse de Forcalquier est tout de suite déçue par son époux qui s’avère être un mari trop jaloux et violent envers sa femme. Dans sa correspondance inédite, la marquise du Deffand, nous raconte une anecdote : « ... Elle (Mme de Forcalquier) voulut lui faire un procès (à son mari), consulta deux ou trois avocats, qui lui dirent qu'elle ne pouvait que perdre sa cause, n'ayant aucun témoin de la violence dont elle se plaignait. Rentrée chez elle, elle va droit au cabinet de son mari et lui rend ce qu'elle avait reçu en lui disant : "Tenez, Monsieur, voilà votre soufflet; je n'en peux rien faire." » Le 30 Janvier 1746, la fille unique de Mme de Forcalquier, Jeanne, meurt à seulement deux ans et quelques mois probablement d’une maladie infantile.

La beauté de la comtesse de Forcalquier la fait remarquer par le roi. Louis XV porte de plus en plus d’attention a la comtesse alors qu’il pour maitresse-en-titre, la marquise de Pompadour. La comtesse de Forcalquier devient sa maitresse pour quelques temps pour que le roi la délaisse encore pour la marquise. Le 3 février 1753, c’est au tour de son mari, le comte de Forcalquier de s’éteindre, Mme de Forcalquier fut sans doute bien contente de se retrouver libre et veuve (car libérée de ce mari qui lui a causé tant de tort) et ne comte pas se marier. Aves ses 80 000 livres de rente, et pas d'enfant, elle jouit d'une indépendance absolue et son hôtel de la rue de Grenelle-Saint-Germain abritera ses amours avec le baron Scheffer, ministre du roi de Suède.
La comtesse est une femme d’esprit qui fréquente les salons Parisiens et se lie d'amitié avec la marquise du Deffand : « Madame la marquise du Deffand (Marie de Vichy-Champrond) a avec Madame de Forcalquier une coutume typiquement mondaine qui ne se transforme jamais vraiment en amitié. Pour plus que quarante ans les deux femmes se fréquentent et affichent une grande intimité, mais restent fondamentalement des étrangers. Parfois l'inconstance, la coquetterie, la frivolité, en somme la vocation exquisément féminine de Madame de Forcalquier, amusent la marquise, plus souvent l'énervent. Minet, Chat, Bellissima sont les surnoms caressants mais ironiques qui courent dans les lettres de Madame du Deffand. La longue relation parmi deux femmes ainsi peu semblables s'explique d'autre part vraiment parce que leurs sphères de compétence ne sont pas conflictuelles, mais complètement dans le cadre de la vie du salon. Madame de Forcalquier est entièrement absorbées dans sa part de belle femme à la mode, Madame du Deffand est maintenant concentrée sur son prestige intellectuel. »

mariefrancoisereneedecarbonneldecanisy1

La comtesse de Forcalquier était certes reconnue unanimement pour sa beauté, comme nous le montre le magnifique portrait que Nattier fit d´elle, mais elle l'était également pour son esprit. Un jour, lors d´une messe à Versailles, elle faisait la quête et s'approchait d'un riche financier, celui-ci lui dit sèchement "Je n'ai rien !", alors la belle comtesse lui tendit l'argent de la quête et lui répondit "Alors, prenez, Monsieur, car c'est pour les pauvres que je quête...". Le financier, confus, se hâta de mettre beaucoup d'or dans la bourse de quête.

Même si la comtesse semble être une bonne personne, elle est aussi capable de se manœuvrer habilement dans les intrigues de la cour et d'être proche de la faveur royale et des favoris du roi : si sous Mme de Pompadour, elle n’a jamais réussi à s’attirer des amitiés de la part de la favorite, en revanche elle se lia avec la comtesse du Barry, ce qui lui valut en 1773, une position enviée de dame d’honneur à la Chambre de la princesse Marie-Thérèse de Savoie, récemment arrivée en France et mariée cette année même au comte d'Artois, frère du dauphin Louis-Auguste, futur Louis XVI. Ce poste est occupé jusqu'à l'année suivante, 1774, année de la mort de Louis XV et de la fin de la faveur de sa bienfaitrice.

Un incident allait hâter le retrait de Mme de Forcalquier de la Cour. « Elle était de quartier et servait à table. Lorsque des dames présentent de l'eau aux princes pour se laver la bouche, il est d'usage qu'ils se lèvent. M. le comte d'Artois resta sur son siège, et fit signe à Mme de Forcalquier d'approcher. Celle-ci dit tout haut : "J'attends que Monseigneur se lève." Le prince, piqué, se leva en effet, prit de l'eau, mais au lieu de la rejeter dans le bassin, il la lança sur les bras et dans la robe de la dame d'honneur qui ne voulut plus revenir à la Cour. » Justement blessée d'un procédé brutal qui étonne de la part du comte d'Artois, d'ordinaire galant avec les femmes, Mme de Forcalquier donne sa démission et la duchesse de Quintin est nommée à sa place.

En effet depuis la mort de Louis XV, sa situation n'était pas tenable. Un jour qu'elle discutait avec le Prince de Montbarrey, Louis XVI passant dans le salon adressa à son tour la parole au Prince et lui demanda discrètement qui était cette femme qu'il ne connaissait pas. L´anecdote fut rapportée et Madame de Forcalquier comprit qu'il était temps pour elle de quitter la Cour. Elle se retire dans ses terres. Sous la Révolution, elle fut détenue aux Oiseaux, du 13 avril au 7 octobre 1794. Marie-Françoise Renée de Carbonnel de Canisy, marquise d’Antin puis comtesse de Forcalquier meurt en 1796, âgée de soixante et onze ans.

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Commentaires
O
La comtesse de Forcalquier n'est pas née à Paris, mais au château de La Paluelle, par contre elle est bien décédée à Paris, mais en 1814 et non en 1796.
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