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Les Favorites Royales
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23 septembre 2012

Marie Walewska, grand-amour de Napoléon

En janvier 1807, Napoléon a terrassé les Prussiens, les a impitoyablement poursuivis. Il a pris Berlin, et s'apprête à marcher sur l'armée russe de Bennigsen via la Pologne. Le pays n'existe plus, partagé qu'il a été entre la Russie, l'Autriche et la Prusse. Les Polonais accueillent Napoléon en libérateur. Ils ont l'espoir qu'il mènera le pays à l'indépendance. Notre petite polonaise partage ce désir, parce que sa contrée de naissance, la Mozavie, est devenue russe.

Elle est née le 7 décembre 1786, dans une famille pauvre, les Laczynski, capable de gérer chichement le domaine de Kiernozia avec  une centaine de paysans. C'est un standing pauvre, puisqu'un riche Polonais de cette époque a plusieurs milliers de serfs sous ses ordres. Le seul espoir de sa famille, c'est donc de trouver un riche parti. Et Marie, sans être extrêmement pourvue de qualités, avait la beauté capable de complaire au mari le plus exigeant. C'est une urgence de la marier, car, à vingt ans, son père, Mathieu Laczynski, meurt brusquement en laissant seule sa femme, Eve Zabrovska, avec six enfants à charge.

Or, il se trouve que le voisin le plus proche des Laczynski est le comte Anastase Colonna Walewski, un riche seigneur de vieille souche, à l'époque deux fois veuf et plusieurs fois père et grand-père. Il habite avec sa sœur et ses nièces le château de Walewice. La propriété est dans un parc avec de beaux arbres, et à beaucoup d'allure face à Kiernozia. Tout irait donc pour le mieux si... le futur mari n'avait pas cinquante ans de plus que la jeune fille ! Il séduit Marie, qui ne consent à l'épouser que chapitrée des instances de sa mère. Tout de même, le mari se rattrape avec plusieurs délicatesses. Trois années vont s'écouler à Walewice dans le plus mortel ennui, même si elle voyage quelquefois. Elle met au monde un fils qu'elle aura la douleur de ne pas pouvoir élever, happé qu'il fut par ses belles-sœurs.

A l'automne 1806, Napoléon envahit la Pologne, et les Walewski déménagent à Varsovie pour mieux participer à la fièvre patriotique. Marie saisit l'occasion de pouvoir préparer l'opinion à la venue du libérateur. Elle veut tirer le peuple de sa torpeur. On le voit, elle est bien loin de se complaire dans la vie mondaine ! "Avec ses nièces, elle parcourt les faubourgs et les campagnes, distribuant des tracts, collant des affiches, prêchant le soulèvement contre l'oppresseur. Pendant ces semaines exaltantes, elle milite avec passion pour le parti français. Elle imagine Napoléon comme un mythe vengeur, désincarné, un envoyé de la Providence dont il importe de seconder les desseins qu'elle lui prête avec innocence."

Quelques témoignages : "Elle était gracieuse autant qu'une femme peut l'être, modeste et sans aucune prétention ; très réservée dans ses gestes et toujours très simple dans sa toilette, elle avait comme femme tout ce qu'il faut pour être aimée." (Comtesse de Kielmannsegge) Et la comtesse Potocka, qui la détestait cordialement, lui a tout de même rendu cet hommage : "Délicieusement jolie, elle réalisait les figures de Greuze ; ses yeux, sa bouche, ses dents étaient admirables. Son rire était si frais, son regard si doux, l'ensemble de sa figure si séduisant qu'on ne pensait jamais à ce qui pouvait manquer à la régularité de ses traits."

 

La comtesse Walewska a relaté leur rencontre dans son journal : « Napoléon ôta son chapeau, se pencha vers moi, je ne sais ce qu'il me dit alors car j'étais trop pressée de lui exprimer ce dont j'étais pénétrée : "Soyez le bienvenu, mille fois le bienvenu sur notre terre ! Rien de ce que nous ferons ne rendra d'une manière assez énergique ni les sentiments d'admiration que nous portons à votre personne ni le plaisir que nous avons à vous voir fouler le sol de cette patrie qui vous attend pour se relever !" (...) Napoléon me regardait attentivement et prit un bouquet qui se trouvait dans la voiture et, me le présentant, dit : "Gardez-le comme garant de mes bonnes intentions, nous nous reverrons à Varsovie, je l'espère, et je recevrai un merci de votre belle bouche !" »

MariaWalewska

 

L'Empereur la remarque à nouveau lors d'une de ces fêtes somptueuses données par la noblesse polonaise. ll n'a de cesse de la revoir. A 22 ans, Marie Walewska, blonde, les yeux bleus, attise les passions. Les amis patriotes de la comtesse la poussent à devenir sa maîtresse, ce qu'elle commence par refuser. Mais elle cède finalement dans l'espoir d'amener l'Empereur à un traitement équitable de la Pologne.

« Son caractère charmait l'empereur, et la lui faisait chérir tous les jours davantage », raconte Constant Wairy. Leur liaison est passionnée. Pendant ce temps, Joséphine se morfond à Mayence. L'idylle cesse provisoirement lorsque Napoléon prend le commandement de son armée pour la campagne d'Eylau. Le 4 mai 1810, Marie Walewska donne un fils à Napoléon, Alexandre Walewski.

La comtesse polonaise demeure fidèle au souvenir de Napoléon jusqu'à son exil à Sainte-Hélène. Elle demeure dans l'ombre, n'apparaissant que dans les moments pénibles. Elle vient discrètement à l'île d'Elbe pour réconforter l'Empereur en disgrâce. En septembre 1816, elle épouse un cousin issu de germain de l'empereur, le comte Philippe-Antoine d'Ornano. Elle meurt des suites de ses couches en 1817 en donnant naissance à un fils, Rodolphe. Son coeur est placé dans la crypte de la famille d'Ornano au cimetière du Père Lachaise, à Paris, et son corps est ramené en Pologne.

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