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Les Favorites Royales
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4 décembre 2011

Françoise de Raucourt, petite maitresse de Louis XV

ph378210Françoise-Marie-Antoinette Saucerotte, Mademoiselle de Raucourt naît à Paris, rue de La Vieille Bouclerie, le 3 mars 1756. Elle est la fille d’un comédien inconnu de Lorraine et d’une mère inconnue. Durant son enfance, son père l’initie au théâtre et l’amène en Espagne. Déçu par sa propre carrière, il a lancé sa fille dans le métier dans l'espoir qu'elle y réussirait mieux que lui.

Elle débute à treize ans, sous la protection du prince de Turenne. C'est lui qui suggère qu'elle change son nom en Raucourt. Elle revient en France après, en 1770 et fait sensation à Rouen en jouant le rôle d’Euphmie dans Gaston et Bayard de Belloy. Son succès est tellement immense qu’elle est aussitôt admise à la Comédie Française.

En 1772, elle y fait ses débuts en incarnant le rôle de Didon. Elle devient alors une actrice extrêmement populaire. Elle se lie alors d'amitié avec la favorite officielle du roi, la comtesse du Barry. D'ailleurs c'est par l'intermédiaire de celle-ci qui la présenta au roi, qu'elle devient l'une des petites maitresses du Bien-Aimé en 1772 ; l'auteur anonyme des "Fastes de Louis XV" la présente ainsi : « Cette ardente demoiselle était si renommée pour ses impudicités qu'on l'appelait "la grande louve" ou "la laye des bois", c'est dire à quel point elle était douée ; Louis XV dès sa première rencontre, se montra vivement séduit par son brio et ses initiatives. Le roi, se livra aux mouvements de la chair avec ce nouvel objet qui sortait comblé de bienfaits du maitre et de la favorite. »

Si célèbre par sa beauté et ses talents, elle collectionne de nombreux amants et aussi des maîtresses. D’ailleurs elle s’affichera tout au long de sa vie avec plusieurs maîtresses dont Jeanne-Françoise-Marie Sourques, n’hésitant pas à les afficher au grand jour. Elle sera aussi fière d’être lesbienne, ce qui lui causera de graves ennuis, abaissera sa popularité et ternira son image auprès des gens. Avec sa maitresse, Sophie Arnauld, opéra soprano, elle créera une organisation du nom de Sect d’Anadrynes, une association des lesbiennes à Paris, rue des Boucheries-Saint-honoré.

En 1773, Françoise de Raucourt se retrouve en prison pour dettes et se retrouve congédiée par la 83c1_110Comédie Française. Elle en sort en 1776, mais ne peut jouer encore à cause de sa réputation ruineuse. Instable, elle parcourt toute l’Europe et y fait scandale en collectionnant encore plus de maîtresses. En 1779, elle est enfin de retour au Théâtre Français grâce à la protection qu’elle bénéficie grâce à la reine Marie-Antoinette. Et de là, elle regagne la popularité en jouant plusieurs rôles tels que Cléopâtre ou Agrippine et plusieurs autres rôles mythologiques. Son immense gloire à Paris la fait aimer par tous et elle se trouve adulée du peuple.

Lorsque la Révolution éclate en 1789, Françoise de Raucourt ne partage pas d’idées nouvelles des philosophes s’opposant à la monarchie de l’Ancien-Régime. S’opposant ouvertement à la Convention, elle est emprisonnée pendant six mois avec d'autres membres de la comédie française, pour manque de loyauté aux principes de la révolution et pour intelligences avec des royalistes hors de France.

Fin de l’année 1793, elle réapparait sur scène mais pour un court moment, désertant le Théâtre Français, avec ses douze meilleurs acteurs de compagnie, pour des places de colonie. En 1797, sous la Directoire – et bien après des années après la chute de Robespierre – elle revient de nouveau en France mais le nouveau régime ferme le Théâtre Français et Mlle de Raucourt se retire mais elle est néanmoins nommée directrice du Théâtre Louvois. Jouissant d’une certaine aisance, en 1801, Mlle de Raucourt parvient à louer un château situé à l’est d’Orléans, en bordure de la Loire, au village de La Chapelle Saint-Mesmin.

En 1806, elle se voit accordée une pension par Napoléon qui la nomme directrice des théâtres impériaux en Italie. Elle va avec sa troupe pour le tournage en Italie, spécialement à Milan où elle est accueillie chaleureusement. Désormais plus populaire que jamais, elle jouit d’une bonne vie mais ne s’empêche pas de continuer ses anciens scandales.

Fin 1814, elle retourne à Paris quelques mois avant sa mort. Sa vie dissolue a ruiné sa santé et elle meurt à Paris, le 15 janvier 1815, âgée de presque cinquante-neuf ans. Sa réputation scandaleuse lui vaut quelques rejections de la part des prêtres de l'église de Saint-Roch qui refusent de lui donner sa dernière bénédiction. Mais aimée par le peuple, celui-ci défonce les portes de l’Église et vient exiger que son corps soit reçu par le clergé. Le roi Louis XVIII autorise enfin à ce que soit lue une messe en faveur de l’ancienne actrice. Elle est enterrée au cimetière du Père Lachaise, à Paris.  Cet événement est aujourd'hui reconnu par de nombreux spécialistes comme l'exemple même de la politique religieuse maladroite de la monarchie de la Restauration.

C'est pour elle que fut publié l'Épître à une Jolie Lesbienne ou À celle qui se reconnaîtra dans : Les Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la république des Lettres, ouvrage attribué à Louis Petit de Bachaumont mais qui semble bien être de Pidansat de Mairobert ; ce poème est parfois attribué au marquis de la Villette ou à Dorat fils d'un auditeur de la Cour des Comptes. Mayeur de Saint-Paul prétendit que l'acteur Movel en était l'auteur.

En 1844, le château est racheté par l’évêque d’Orléans. Un ami lui demanda : « Vraiment, Monseigneur, vous allez bâtir un séminaire dans ce parc et habiter vous-même le château qui ont été souillés par la présence de la comédienne ? » - « Oh, rassurez-vous », dit l’évêque, « on a changé les draps ! ».

Son successeur, le fameux Dupanloup vendit les derniers vestiges de son ancienne propriétaire et fut très étonné quand un antiquaire parisien lui offrit 10 000 francs pour le bureau de l’illustre tragédienne.

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Commentaires
L
Existe t il une liste des objets appartenant à F. De Raucourt mis en vente par Monseigneur DUPANLOUP ?
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