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Les Favorites Royales
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19 juin 2011

Charlotte-Eléonore de Ventadour, seconde mère de Louis XV

Madame_de_VentadourCharlotte-Éléonore de La Mothe-Houdancourt naît vers 1654. Elle est la fille cadette de Philippe de La Mothe-Houdancourt (1605-1657), duc de Cardone, maréchal, pair de France et de son épouse, Louise de Prie (1624-1709), marquise de Toucy, gouvernante des Enfants de France. Charlotte-Éléonore a deux sœurs aînées : Françoise-Angélique et Marie-Isabelle-Angélique. Charlotte-Éléonore est issue d’une famille de grande noblesse : son père est maréchal et pair de France, et sa mère, travaille à la cour, comme gouvernante des Enfants Royaux. En 1657, alors qu’elle n’est âgée que de trois ans, Charlotte-Éléonore perd son père, Philippe. En 1660, elle devient la fille d'honneur de Marie-Thérèse, alors qu'elle n'est âgée de six ans. Charlotte-Éléonore en grandissant, devient une jeune et très belle fille : elle est blonde et d'un caractère doux. En 1671, alors qu’elle n’est qu’une toute jeune fille et âgée de dix-sept ans, Charlotte-Éléonore épouse à Paris, Louis-Charles de Lévis, duc de Ventadour, baron de Rochemaure et gouverneur de Limousin, de sept ans son aîné (1647-1717). Le mariage a lieu le 14 Mars. Deux ans après, en 1673, Charlotte-Éléonore de Ventadour donne un enfant à son époux, Anne-Geneviève qui sera fille unique. Il ne faut pas attendre plus longtemps pour que le mariage entre le duc et la duchesse de Ventadour ne tarde pas à s’avérer un échec. Louis-Charles de Lévis-Ventadour maltraite sa femme en public et vie une vie de débauché la trompant ouvertement avec d’autres femmes. Exaspérée par cette vie insupportable, Charlotte-Éléonore s’enfuit du domicile conjugal pour aller à Paris juste quelques mois après la naissance de sa fille. Les libelles se régalent de cette séparation :

Sa femme, par sa prudence, l'a quitté depuis vingt ans,
N'a souffert que trop longtemps son importune présence;
Je n'en dirai pas le nom, Elle a soin des fils de France.

La duchesse de Ventadour part pour la cour où encore sa mère a la charge de gouvernante des Enfants Royaux. Selon Saint Simon : « Madame de Ventadour était fort belle et fort agréable, son mari très laid et très contrefait . On se soucia peu du mari, dont la débauche et une absence continuelle à la Cour ne lui donnaient pas grande considération. » Jolie, elle se fait remarquer par le roi qui en fait sa maîtresse vers 1681 mais pour de très courte durée. Le roi se lassa très vite d'elle lorsqu'il se rendit compte que les lettres qu’elle lui envoie ne sont pas rédigées par elle-même. Grâce à sa mère, elle obtient en 1684 la charge de dame d’honneur de la nouvelle duchesse d’Orléans (connue sous le nom de la princesse Palatine), belle-sœur du roi. Madame Palatine l'appréciait beaucoup : « Mme de Ventadour est devenue ma dame d’honneur il y a au moins seize ans, et elle m’a quittée deux ans après la mort de Monsieur. C’était un tour que me jouait la vieille guenipe (Mme de Maintenon) pour me faire enrager, parce qu’elle savait que j’aimais cette dame ; elle est bonne et agréable mais ce n’est pas la femme la plus adroite du monde ». On la dit alors maitresse de François de Neufville, duc de Villeroy. En 1691, sa fille unique, Anne-Geneviève, épouse le 16 février, Louis-Charles de La Tour d’Auvergne, prince de Turenne, qui ne tarde pas à la laisser veuve l’année suivante. Elle se remariera en secondes noces avec Hercule-Mériadec de Rohan, prince de Soubise et de Maubuisson, gouverneur de Champagne et de Brie (fils de la fameuse Anne de Rohan-Chabot, princesse de Soubise). Ils auront un fils, prénommé Louis-François-Jules, en 1697. En 1704, la duchesse de Ventadour devient la gouvernante de Louis, premier duc de Bretagne et premier fils du duc de Bourgogne (petit-fils de Louis XIV) et de Marie-Adélaïde de Savoie, grâce à l’épouse morganatique du roi, la marquise de Maintenon, avec qui elle s’est liée d’amitié (sa mère, Louise de Prie, était devenue trop âgée pour s’occuper des Enfants Royaux).  En 1705, le premier duc de Bretagne étant mort, Charlotte-Eléonore devient la gouvernante de Louis, deuxième duc de Bretagne né en 1707 et trois ans plus tard celle de Louis, duc d’Anjou, dauphin de France et futur Louis XV (1710-1774). En 1709, la duchesse de Ventadour perd sa mère, Louise de Prie, et lui succède à sa charge en tant que Gouvernante des Enfants de France. Les dernières années du règne de Louis XIV sont des années de malheur et de deuil pour la famille royales : en 1711, le Grand Dauphin, fils unique du Roi-Soleil, meurt de la variole (il n’avait que cinquante ans), en 1712, Marie-Adélaïde de Savoie, son époux, le duc de Bourgogne et dauphin de France ainsi que leur deuxième fils, le duc de Bretagne, meurent aussi de variole successivement à courte période. La duchesse de Ventadour est très affligée quand il apprend la mort du duc de Bretagne, saigné par erreur par les médecins, malgré son jeune âge (il n’est âgé alors que de cinq ans). Eplorée par la mort du duc de Bretagne, la duchesse de Ventadour n’entend pas à donner le dernier fils du couple delphinal, le duc d’Anjou, qui a aussi attrapé la petite vérole. Celui-ci, est très jeune (il est âgé de deux ans) etMadame_de_Ventadour__2_ le seul héritier direct qui reste du roi de France. La duchesse de Ventadour décide de le soigner, elle-même, allant même jusqu’à goûter sa nourriture avant qu’elle la lui donne de peur qu’on ne l’empoisonne. Cela réussit et le jeune duc d’Anjou se remet très vite de sa maladie. Charlotte-Éléonore continue à élever avec soin le nouveau dauphin de France. Des liens indéfectibles vont se tisser entre l'enfant et sa gouvernante, qu'il appela tendrement sa « chère maman » et « maman Ventadour ». En 1715, Louis XIV meurt, le duc d’Anjou devient Louis XV roi de France. Le régent décide du départ de la cour de Versailles, le jeune roi vivra à Vincennes et Paris accompagné de sa gouvernante. Même après la mort de Louis XIV, la duchesse de Ventadour continue à prendre soin du jeune roi et sous les conseils de Madame de Maintenon. En 1717, le jeune roi qui n’est qu’un tout petit garçon est en âge de passer aux hommes. Alors la duchesse et le petit Louis XV se séparent officiellement en Février. Même si la duchesse de Ventadour et le petit Louis XV ne sont plus ensemble, ils restent liés à jamais. En 1727, quand Louis XV devient père à son tour, il octroie la charge d’élever ses enfants à sa chère Maman Ventadour qu’il n’a jamais oubliée. Mais parce que Madame de Ventadour est très vieille (elle a alors soixante-treize ans), c’est sa petite-fille, Marie-Isabelle-Angélique-Gabrielle de Rohan-Soubise, duchesse de Tallard, qui revient la charge d’élever les enfants du Bien-Aimé en tant que survivancière : la charge reste dans la famille, preuve de la confiance et de l'attachement du roi. Elle l’exercera à partir de 1732. Durant les dernières années de sa vie, elle sera toujours présente à la naissance des Enfants Royaux. En 1738, les princesses royales de moins de 6 ans sont envoyées à l'abbaye de Fontevraud ou elles achèveront leur éducation pour des raisons d'économie. Saint-Simon prétend que de galante, Madame de Ventadour devint subitement dévote à la fin de sa vie : « …Mme de Ventadour, dont l'âge avoit dépassé de beaucoup celui de la galanterie, s'étoit faite dévote, et quoiqu'elle alliât à ses anciens plus qu'amis un gros jeu continuel; et bien d'autres choses avec sa dévotion, la coiffe, la paroisse, la chapelle, l'assiduité aux offices et des jargons de dévotion à propos, l'avoient lavée de toute tache, et les maux que ces taches lui avoient causés ne parurent pas même un obstacle à la place de gouvernante… » Charlotte-Éléonore de La Mothe-Houdancourt, duchesse de Ventadour, meurt au château de Glatigny (près de Versailles) nonagénaire, le 13 Décembre 1744, laissant cette fois, Louis XV, totalement triste, solitaire et orphelin (il venait aussi de perdre sa favorite en titre, la duchesse de Châteauroux, le 8 Décembre précédent).

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